Classification de la voix

Maître, que suis-je ?

C’est la première question que j’ai posée à mon professeur au tout début de notre entretien préliminaire. C’est celle que je suppose tout élève désire poser, la démarche est tout à fait légitime. Souvent, ayant envie de pouvoir chanter sérieusement, on se prend à souhaiter d’être ténor ou pour d’autres baryton, et pour nos compagnes, soprano ou mezzo-soprano.

On a hâte de savoir, c’était mon cas et ça tombe bien, car un professeur digne de ce nom va le savoir et le dire tout de suite en pratiquant le bon test !

J’aurais d’ailleurs été fort surpris, n’ayant pourtant aucune connaissance encore à cette époque en la matière, de m’entendre répondre qu’il n’était pas possible de se prononcer rapidement, plus tard sans doute selon l’évolution de la voix etc., comme cela, hélas, se pratique fréquemment de nos jours.

J’ai dit à plusieurs reprises que la méthode traditionnelle italienne est naturelle et oeuvre dans le respect absolu de la physiologie humaine. Classer une voix consiste avant tout à déterminer le timbre du candidat chanteur, celui que la nature lui a donné. Afin également de ne pas lui nuire plus tard.

Il faut donc pouvoir le déterminer tout de suite, dès la première leçon, pour savoir comment faire travailler l’élève, c’est une question de bon sens, sans s’occuper pour le moment de l’étendue de la voix ni de sa richesse. Celles ci s’obtiendront par le travail des vocalises afin de donner à l’élève une tessiture complète.

Le timbre étant ce qui caractérise un instrument et le fait aussitôt reconnaître (voir le Larousse) dès les premiers sons, il en sera de même pour la voix humaine.

Il ne faudrait plus s’entendre dire ce qui suit, hélas trop souvent énoncé : « vous êtes ténor (ou soprano) car votre voix monte facilement assez haut. Ou bien vous êtes sans aucun doute baryton ou basse (mezzo ou contralto) car votre voix descend facilement dans les graves ! De toutes façons ne vous en occupez pas pour le moment, chantez naturellement, on verra plus tard » !

C’est faire preuve d’incompétence et d’ignorance, c’est grave également car un mauvais classement peut ruiner la voix de l’élève.

Même en Italie cette erreur fondamentale s’est produite. Un exemple : comment Carlo Bergonzi a t-il pu être classé baryton au début de sa carrière ? Car pour lui c’est complètement évident qu’il est ténor, même pour un non initié.

Une anecdote, si vous le voulez bien : j’ai récemment décidé de ne plus participer à aucun forum, car je me suis fait traiter de tous les noms pour avoir dit à un groupe de choristes de Bordeaux que je pouvais en quelques minutes classer leurs voix alors qu’ils hésitaient depuis 2 ans, chacun donnant un avis différent sur la voix de l’autre !

Désormais je donne mon avis uniquement si on me le demande, ce qui arrive régulièrement !

N’hésitez d’ailleurs pas à me poser toutes questions utiles à ce sujet, ou bien venez me voir pour une audition gratuite et je vous dirai tout sur votre voix : timbre, qualités présentes et à venir etc.

En attendant, un conseil : exigez de votre professeur de chant qu’il  détermine le timbre de votre voix. S’il ne le fait pas : rouspétez après son incompétence et changez de professeur !

J’ajouterai seulement qu’il est regrettable de voir d’excellentes basses interpréter des rôles de baryton, sans en avoir l’ampleur ni surtout la couleur.

Car on est soit l’un soit l’autre, et l’appellation de baryton-basse, hélas si communément rencontrée, est une hérésie !

De même pour d’excellentes soprani, poussées par je ne sais quelle passion subite ou motivation commerciale, au mépris des règles les plus élémentaires, vont avoir l’idée de chanter des rôles non écrits pour elles, Carmen par exemple. Même La Callas s’est faite avoir !

Et les médias applaudissent, dans l’espoir que le public fera de même ! Ce rôle, tout le monde le sait, est écrit pour mezzo-soprano dont il faut avoir le volume et la couleur.

Car en plus d’être ridicule et offensant envers le compositeur et le public, notons bien que la voix, ainsi désaxée et conduite en dehors de sa bonne tessiture, court à sa perte de manière bien souvent définitive, brisant à court terme une carrière qui serait sans doute sans cela des plus prometteuses.

Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, mais celle-là oui !

Pour le bien de l’Art lyrique, le respect des artistes et des élèves, de leur voix, et afin que dans ce domaine, au moins, on ne marche pas sur la tête !

Voici un fait réel : je reçois le dimanche du mois de novembre un mail d’un certain Patrick C. me disant, je cite :

« Mon histoire personnelle est un peu triste. J’aurais voulu être chanteur mais les différents professeurs que j’ai eu m’ont abimé la voix. Après 7 années de travail j’ai du renoncer, dégouté et aphone, même en voix parlée. J’ai été danseur à la place mais ai repris des cours de chant il y a 18 mois. J’ai eu en tout 14 professeurs, 8 me considérant baryton, 1 basse et 5 ténor. Chacun d’eux prétendait connaître la vérité, tous disant connaître et appliquer la technique italienne. »

Mon commentaire : il a été victime d’une série d’escroqueries de la part d’imposteurs !

Classement des voix

Le timbre féminin est exquis et fait pour séduire ! N’êtes vous pas d’accord avec moi ? Si, bien sûr, car il possède incontestablement un caractère mélodieux et sentimental comme le chant des oiseaux.

Ecoutez la voix de Suzanna Markovà à la fin de cette page, ce qui illustre parfaitement ce que je viens de dire.

Le sérieux, pardonnez moi, n’empêche pas un sourire, avant de vous proposer d’étudier, après cette video, les tableaux qui suivent : 

Tout d’abord les voix de femmes :

Chacune de ces voix possède bien entendu avec les autres une partie commune.
Maintenant les voix d’hommes :
En ce qui les concerne  : ferme et passionné, tel doit être leur timbre.
 

Avec également une partie commune  les unes avec les autres.

Vous noterez que j’exclue la haute-contre, ainsi que la basse contre-basse qui n’existe que chez certains choristes russes, non utilisée au théâtre.

Ce qui démontre bien que la hauteur n’a rien à voir avec le classement des voix. 
Ecoutez la voix de la grande basse Alexander VINOGRADOV, à la fin de
cette page, ce qui confirmera que nous sommes en plein accord !

Chers amis lecteurs, je vous demande de bien y réfléchir et de ne pas vous laisser influencer par les ignorants que l’on trouve à tous les coins de rue ou dans les plus grandes institutions !

Luciano PAVAROTTI

On ne présente plus cet immense ténor dont vous trouverez partout la biographie.

Disons simplement qu’il a disparu prématurément le 6 septembre 2007 des suites d’un cancer du pancréas.

Une autre anecdote : peu après mon arrivée à Rouen, en 1965 je me trouvais dans le magasin d’un grand disquaire de cette ville : le magasin VERHAEGEN. Un homme est entré désireux d’acheter plusieurs bons disques récents d’opéra. La vendeuse lui montre le rayon sans le conseiller. Je me suis permis d’intervenir et lui ai recommandé ceux de Pavarotti, pourtant peu connu encore. Ce fut une très belle vente !

Voici quelques unes des photos peut-être moins connues que d’autres :

10_pavarotti_82256                              Le charisme de Pavarotti me rappelle celui de Luis Mariano !

16_pavarotti_110408

Les fameux 3 ténors : on ne les présente plus ! Tous trois chantent merveilleusement, ils ont énormément oeuvré à faire aimer le chant lyrique.

Pavarotti épouse fille 2007

                                          Sa seconde femme et leur fille en 2007

20_pavarotti_126265

                  Peut-être le baiser d’adieu à l’aune d’une longue maladie ?

    Pour terminer ainsi cette page essentielle, car nous sommes à présent entrés en plein dans la technique, ci-dessous la basse Alexander Vinogradov dans le célèbre aria « Ella giammai m’amo » extrait de l’opéra Don Carlo de Verdi.

     – Comme promis en haut de cette page :

    • Ecoutez ce qui caractérise une grande basse formée à l’italienne : le « mordant« ou cette espèce de « grognement » de la voix, l’excellent soutien et la parfaite ligne de chant, le relief vocal, toutes les notes même aigûes sont bien en place, riches en harmoniques et se projetant comme il se doit. C’est magnifique, et je sais que vous êtes parfaitement de mon avis et recevez tout cela comme moi !

    En dehors de la Russie, personne d’autre que moi ne saura vous former ainsi !

    – Puis la terrible scène dites de La Folie extraite de l’opéra de Donizetti, Lucia
    di Lammermoor, magnifiquement chanté selon les règles italiennes
    traditionnelles, mais aussi jouée comme personne grâce au talent de la jeune
    soprano colorature Suzanna Markovà. C’est remarquable !

       Vous avez le droit de m’écrire pour me donner votre avis, c’est comme cela
       que vit un site grâce à ses lecteurs. Merci.
    Tout ceci dans le but de vous donner envie d’apprendre à chanter….
    C’est tout le mal que je vous souhaite ! Merci.