Défauts et accidents de la voix

J’ai d’abord pensé qu’il serait possible de regrouper, dans la même page, d’une part les défauts et accidents mineurs, innés ou acquis, que l’on peut corriger en changeant l’émission vocale, et d’autre part la pathologie réelle due à un profond malmenage de la voix.

Mais devant l’abondance des informations à apporter, il m’a semblé préférable de créer deux chapitres séparés.

Ce que je désire rapidement décrire en premier a trait aux défauts qui sont la conséquence d’une mauvaise émission dans son ensemble.

Il ne s’agit pas encore de pathologie : cette dernière sera traitée dans la page suivante.  Je vous invite à vous y rendre après avoir lu celle-ci.

Il existe ce qui est inné, c’est à dire que l’on porte en soi avant même l’apprentissage du chant, qu’il est préférable de nommer « qualités à acquérir », mais surtout les défauts acquis par l’étude avec n’importe quelle méthode !

L’idéal est de pouvoir y remédier dès leur mise en évidence par le professeur. Tout en tenant compte du tempérament de chacun, de son aptitude à assimiler les remarques.

Plusieurs méthodes de correction existent, l’élève doit collaborer pleinement avec son professeur et lui faire confiance.

Bien souvent il est nécessaire de tout reprendre au début en recréant dans la pratique tout ce qui a été expliqué auparavant.

Procédons par énumération :

La voix serrée

Cela concerne le larynx et son fonctionnement.

Ce défaut est présent quand le chanteur serre si fortement son larynx que les bandes ventriculaires se rapprochent, suppléant aux cordes vocales qui ne peuvent venir en contact de façon normale.

Cet effort démesuré porte le larynx dans une position plus élevée que la norme dans l’émission. La voix semble provenir du pharynx et les sons plus hauts et plus aigus qu’ils doivent être. L’auditeur entend une voix étroite, pointue et très en dedans.

La correction s’effectue en essayant de remettre le larynx dans sa position normale par une manoeuvre que seul un professeur averti doit exercer.

Rappelons qu’il doit descendre dans l’émission, proportionnellement avec l’élévation de la note.

Chanter sur le souffle

Ce défaut survient quand la voix n’est pas soutenue et lorsque le larynx présente une mauvaise occlusion au cours du chant. Il y a excès de laxité.

Autre possibilité : si le thorax s’aplatit au cours de l’émission, reflet d’une mauvaise respiration, avec pour conséquence une compression des poumons puis du coeur. Dans ces deux cas l’air sort avant la voix.

Parésie des cordes vocales

Ce défaut est le contraire du précédent. Ici, la fermeture du larynx est trop puissante ce qui, à la longue, occasionne une pseudo paralysie, conséquence de ce type de surmenage.

Le remède consiste en le massage de la glotte comme je l’explique, une fois de plus, dans mon livre.

Le chant ‘poussé’

L’artiste qui ne possède pas une bonne émission, ainsi que le chanteur débutant, parfois, non sûrs des notes émises, s’imaginent qu’en donnant beaucoup plus de souffle elles seront mieux émises.

Émises aussi avec plus de force, pensant faire croire à l’auditoire que la voix est d’une rare puissance.

Cela conduit à chanter faux, l’appareil vocal est bridé, raide. De l’irritation qui en découle peut survenir une aphonie partielle ou totale.

Le son est le fait d’une violente poussée de la colonne d’air à travers tout l’organe vocal. Il sera faux par manque du nombre suffisant de vibrations correspondant au même son émis selon les règles de la phonétique.

Un son poussé de la sorte n’est jamais beau, ni d’ailleurs facile à émettre. Il s’apparente au cri, or crier n’est pas chanter !

Le grasseyement

Nous sommes en présence ici d’un défaut de prononciation.

Le grasseyement consiste en la présence de sortes de vibrations se situant dans l’arrière bouche, entre la base de la langue et le voile du palais.

Difficile à corriger, il nécessite de donner à la langue un rôle très actif dans la prononciation de la lettre r. Il convient donc d’apprendre à « rouler les r« .

Chevrotement et Balancement

Les deux défauts sont identiques, mais le premier est plus accentué que le second.    L’émission défectueuse est une fois de plus la grande responsable, donnant une voix tremblante qui s’apparente au bêlement de la chèvre, d’où son nom.

Pour parvenir à un tel désordre, lors du malmenage vocal les cordes relâchées laissent passer l’air. Ces dernières, selon l’importance du défaut, vont être animées d’un mouvement plus ou moins grand de va-et-vient.

Autre cause déjà évoquée, lorsque le soutien de la voix est défectueux.

Dernière cause moins fréquente, celle résultant d’une atonie générale du diaphragme et des muscles de l’abdomen, comme après une intervention chirurgicale. D’où la nécessité d’avoir recours à une gymnastique de renforcement du système musculaire.

Le chevrotement risque d’altérer la pureté de la voix et à la longue entrainer sa disparition.

Le « Hem »

Celui-ci se produit lorsque les cordes vocales présentent de petites mucosités perlées en provenance du larynx ou même du pharynx.

De manière instinctive il se crée le besoin de s’en débarrasser. Il se produit un raclement volontaire afin d’expulser ces mucosités. C’est le « chat » dans la gorge.

La cause : une affection saisonnière le plus souvent. Mais il n’est pas exclu que cette petite inflammation provienne d’une mauvaise émission qui force la voix.

Dans ce dernier cas nous connaissons le remède…

Voix illusoires

Sous ce titre se cache des questions qui « fâchent » et vont à l’encontre des institutions établies.

– Je veux parler tout d’abord de la voix de « fausset« .

Si on analyse ce mot on retrouve la racine « faux« , c’est à dire erreur.

Cette manière de chanter résulte d’une voix placée en arrière, dépourvue de toute richesse harmonique. Elle est aussi appelée « voix de tête« , voulant faire croire sans doute qu’elle est issue du sommet de la tête !!!

Ce sont surtout les hommes qui en France l’utilisent, dans les notes aigües, pour faire croire qu’il s’agit d’un procédé utilisé sciemment, reflet d’un soi-disant goût artistique.   Mais elle n’a rien d’artistique et peut être dangereuse vu le nombre de décibels mis en jeu.

Une vraie demi-teinte doit se faire avec la voix en avant placée au point d’appui.

Encore faut-il savoir le faire : avec la méthode italienne c’est possible bien sûr.

– Le deuxième aspect et celui de la « voix de poitrine« . Sans sortir de polytechnique on peut dire que cette expression semble signifier que la voix résonne dans la poitrine. D’où l’expression « poitriner » !!!   Or nous savons maintenant où se forment les sons et où ils résonnent et se projettent.  

Le poitrinage est un préjugé ne servant qu’à troubler l’imagination des élèves et les conduire à une émission fausse.

– Enfin je citerai la voix dite « mixte appuyée« . Sous ce nom barbare se cache une très mauvaise manière de placer les sons, fort en arrière dans la cavité buccale, mais sans aller cependant jusqu’à la voix de fausset.

La voix est pauvre en timbre, se projette mal et le chanteur, pour se faire entendre, doit « pousser » sa voix.

C’est anti physiologique, anti musical, anti tout ce que l’on voudra !

J’en profite pour dire que j’ai eu la chance de pouvoir vous faire écouter des extraits d’opéra interprétés par des artistes pour beaucoup étrangers à l’Italie.

Afin de démontrer qu’avoir une belle voix est avant tout question de technique, puis ensuite d’intelligence et de goût artistique.

Et non pas de soleil, de chianti, de gondole à Venise, ni le fait de choisir un nom (pseudo) à consonance italienne !

Richard TUCKER

Je vous propose cette fois d’écouter un ténor israélo-américain : Richard TUCKER, né à Brooklyn en août 1913, mort en 1975 d’une crise cardiaque. Il a chanté aux funérailles du Président Kennedy.

Ses propres funérailles eurent lieu, fait unique, sur la scène du Metropolitan de New-York !

Il interprète ici un extrait d’Aida de Verdi, le célèbre et très difficile air : « CELESTE AIDA » qui prend le ténor « à froid » au début du 1er acte.
Le si bémol final est le cauchemar de beaucoup de ténors. Tucker chante ici la dernière phrase sans respirer : « Un trono vicino al sol » !  

S’il vous plait : CLIQUEZ ICI.

Richard Tucker et Robert Merill, baryton, dans une exceptionnelle interprétation d’un duo extrait de La Force du Destin, au cours d’un concert donné à Boston en 1973.

Tucker-Merrill-Invano Alvaro, La Forza del Destino

Enfin, extrait de ‘La Juive » de Halévy, écoutons le dans le célèbre aria : « Rachel, quand du Seigneur… » Plus jamais joué faute de chanteurs capables, hélas !

Richard Tucker live (London) 1973 La Juive, « Rachel quand du seigneur » plus sketch

Je vous invite également à cliquer sur le lien suivant qui vous conduira vers le site de la Fondation Richard TUCKER.

CLIQUEZ ICI pour la Fondation